Portait
Science économique, science du comportement Ludwig von Mises appartient à « l’école autrichienne d’économie » fondée par Carl Menger, dont il reprend les deux idées majeures : l’individualisme méthodologique (on ne peut comprendre l’économie qu’à partir des décisions prises par les individus), la subjectivité de la valeur (la valeur attribuée à un bien ou service varie avec chaque individu et chaque contexte). Allant plus loin que son maître de Vienne, Mises fait de la science économique une branche de la « praxéologie », science de « l’agir humain » : comment les hommes se comportent-ils dans les choix qu’ils ont à faire dans la vie ? Obéissent-ils à une logique immuable et quantifiable (position des purs rationalistes et des inventeurs néo-classiques de l’homo oeconomicus) ? Sont-ils conditionnés par l’histoire (position des historicistes allemands qui entretiennent une violente querelle avec les économistes autrichiens) ? Ou sont-ils simplement guidés par ce qu’ils pensent être leur intérêt, compte tenu des multiples paramètres qui entrent dans leur calcul ? Ceci est la position des classiques libéraux depuis Adam Smith, c’est celle des économistes autrichiens. |
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Les institutions démocratiques |
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Écrit par Jacques Garello | |||||||||||||
Vendredi, 15 Novembre 2013 00:00 | |||||||||||||
J’arrive au dernier chapitre du programme libéral que je vous propose depuis quelques mois. Ce programme n’est ni exhaustif, ni parfait. Il est concret et se ramène à sept réformes majeures, dans le domaine de l’éducation, du logement, du salaire, des retraites, de la fiscalité, de la réglementation et enfin des institutions démocratiques. C’est ce dernier point que j’aborde, il est organisé autour de l’idée du référendum d’initiative populaire.
La classe politique n’a pas la cote Les gens de la classe politique se rappellent qu’il y a des citoyens pendant les quelques petits jours qui précédent une élection, mais le reste du temps ils font ce qu’ils veulent, et surtout pas ce pour quoi ils ont été élus. Le résultat est que deux Français sur trois ne font pas confiance aux politiciens et que le premier parti de France est celui des abstentionnistes. Ils se posent tous la même question : à quoi servent les élus nationaux, voire locaux ? A propos de la réglementation, j’ai rappelé que les députés de la Vème République sont des godillots, remis facilement dans le rang quand ils s’en écartent, puisque les investitures sont données par les états-majors des partis, eux-mêmes à la remorque de l’Elysée ou des chefs de l’opposition. Par contraste, on peut mesurer le pouvoir de gens qui n’ont jamais été élus. Les « oligarques », énarques pour une bonne partie. Ils hantent la haute administration, les cabinets ministériels, les grandes entreprises publiques, et même les privées. Ce sont des professionnels du pouvoir, dont ils tirent privilèges et très hauts revenus. Y a-t-il des chances pour que cela change ? Le mode de scrutin actuel (uninominal à deux tours) est favorable à cette concentration du pouvoir entre les mains des partis dominants, de leurs chefs et de leurs bureaucrates. Des familles politiques entières ne sont pas représentées au Parlement et même au niveau des régions, des départements et des communes. Il en est ainsi du Front National – et Dieu sait si je ne partage pas ses idées – mais également de la famille libérale, orpheline depuis l’échec de Madelin en 2002. S’agit-il maintenant de créer un nouveau parti, à partir de rien ? La loi Balladur de financement des partis politiques interdit aux particuliers de soutenir efficacement des candidats libres, seuls ont de l’argent les partis ayant déjà des élus. Imaginer une démocratie dans laquelle les partis sont financés par l’Etat participe d’un véritable totalitarisme. Ambiguïté de la démocratie participative Partant du constat précédent, comment donner la parole au peuple ? Les candidats de gauche se réfèrent volontiers à la « démocratie participative », Madame Royale en avait fait son thème favori en 2007. Les discours populistes ou syndicaux reprennent volontiers l’antienne. Cette idée est en fait très ambiguë :
Le referendum à la française
On se tourne alors vers la grande alternative du referendum, Il existe dans la Constitution de la Vème République (article 11), mais on n’y recourt que très exceptionnellement, et dans des conditions inadmissibles. En effet, c’est le Président de la République qui en prend l’initiative. La parole n’est pas au peuple, elle est au Président qui demande à « son » peuple de se prononcer, sur une question qu’Il a posée, et à laquelle Il donne la réponse. On assimile à juste titre un tel referendum à un plébiscite. En cas de rejet de la proposition présidentielle, que se passe-t-il ? En 1969, de Gaulle a démissionné. Mais en 2005, le vote du peuple français contre la Constitution Européenne (en 2005) a été annulé par le Parlement français en décembre 2007 lorsque le Parlement a adopté le traité de Lisbonne, qui reprenait les dispositions les plus lourdes de la Constitution rejetée. Quand le referendum ne plaît pas au pouvoir, il sait s’en passer. Il est vrai qu’en 2008 on a introduit le « referendum d’initiative minoritaire ». Un referendum à l’initiative d’une minorité de parlementaires (un cinquième) mais soutenue par une pétition populaire nationale signée par un dixième des électeurs français –soit 4 millions et demi, excusez du peu. Encore le Président de la République doit-il intervenir pour décider de la tenue du referendum. A propos de la pétition, qui a le mérite d’être en principe à l’initiative du peuple, elle a été reconnue par l’article 72-1 au niveau local, mais ne peut concerner que des affaires municipales. C’est une bien maigre « parole » laissée au « peuple ». Ainsi, en France, le referendum vient « d’en haut ».
La pratique référendaire Dans de nombreux pays existent des referendums qui viennent « d’en bas ». Leur efficacité a toujours été prouvée : ils ont mis le pouvoir en demeure de se plier à la volonté du peuple. Aux Etats-Unis, le referendum est reconnu dans 49 Etats avec des modalités variables, mais qui ont en commun de donner l’initiative aux citoyens. Par exemple, en Californie, il faut 5 % des électeurs (soit moins de 500 000) pour provoquer un referendum ou amener le congrès californien à adopter un texte ou une mesure proposée par le peuple. En 1980 c’est le referendum fiscal initié par le major Jarvis (1 400 000 signataires) qui fera la « proposition 13 » qui donnera le départ d’une « révolution fiscale » limitant la croissance des dépenses publiques ; la révolution se répandra dans 16 Etats et conduira Reagan à la Maison Blanche. En Italie, il est fait usage du referendum « négatif » : les électeurs peuvent demander l’abrogation d’une loi votée par le Parlement. C’est ainsi que Sylvio Berlusconi a perdu le pouvoir après avoir fait voter l’immunité parlementaire du Premier Ministre : les Italiens ont fait annuler cette loi adoptée par les politiciens. Des procédures référendaires existent en Autriche, en Irlande, dans certains Länder allemands, etc. Mais le pays où le recours à l’initiative populaire est le plus fréquent est la Suisse, on peut dire que c’est le mode normal de fonctionnement de la démocratie. On parle à ce sujet de la « démocratie directe » ; j’en présenterai les principes et les modalités la semaine prochaine. Peut-on l’adopter en France ? |